[Camp de Thol à Neuville-sur-Ain (Ain)]

[Camp de Thol à Neuville-sur-Ain (Ain)]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT1367 06
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
historiquePlusieurs centaines de tziganes doivent rejoindre Neuville-sur-Ain, un petit village rural et touristique, voisin de Pont-d'Ain. Mais la population locale n'est absolument pas d'accord. Et prépare le terrain...
historique"De toute façon, ce n'est pas la peine qu'ils viennent ici, on n'en veut pas. Et on fera tout pour qu'ils n'arrivent pas". Depuis [le 28 février 1993], "les tziganes de Nanterre" sont devenus le sujet de conversation no.1 des 1159 habitants de Neuville-sur-Ain. Du café à la boulangerie, c'est le même son de cloche. Morceaux choisis : "On l'a appris par le journal, totalement par hasard. Il n'y a déjà pas de travail pour nous, alors on ne va pas leur en donner". "Ils n'ont pas d'argent, qu'est-ce-qu'ils vont venir faire ici ?" "De quoi-vont-ils vivre ? La manche, la fauche...". "Nous sommes tous d'accord : on n'en veut pas". Pétition, fusil, barrage de tracteur, feu... Tous les moyens, des plus pacifiques aux plus dangereux, sont évoqués. Les tziganes de Nanterre ne sont pas les bienvenus dans ce petit village, pourtant accueillant des bords de l'Ain, spécialisé dans la grenouille et les résidences secondaires pour Lyonnais. Même le terrain où ils sont censés s'installer est inhospitalier. Avec ses barbelés et ses herbes folles, ses baraquements mal alignés et vétustes, le camp de Thol, aujourd'hui propriété du ministère de la Justice, qui a accueilli successivement le 10e bataillon des chasseurs alpins, l'armée américaine puis les prisonniers allemands, l'OAS et, il y a deux ans à peine, les jeunes condamnés en fin de peine, rappelle trop de mauvais souvenirs. Invivable et inhumain. Comme ses concitoyens, le maire est médusé. "J'ai aussi appris la nouvelle fortuitement, raconte Joseph Perrot. Des entrepreneurs sont venus en mairie consulter des plans, faire des devis. Je les ai interrogés, ils ne voulaient pas parler. Je me suis alors inquiété. J'ai appelé la préfecture où l'on m'a précisé que rien n'était officiel mais qu'apparemment, Neuville-sur-Ain avait été choisi comme site d'accueil d'une communauté de tziganes en provenance de Nanterre". Dans quelque temps, aucune date n'ayant encore été fixée, le camp de Thol, calé entre la Départementale 984 et l'Ain, situé à 800 mètres de l'entrée du village de Joseph Perrot, devrait donc recevoir plusieurs centaines - le chiffre, là non plus, n'est pas encore donné - de réfugiés politiques avec femmes et enfants, pour la plupart résidents illégaux en France. Joseph Perrot trouve qu'à trois semaines des élections législatives, Michel Sapin, ministre de l'Economie et des Finances et surtout candidat à la députation dans les Hauts-de-Seine, se débarrasse à trop bon compte d'un fardeau devenu pesant. Un fardeau que Jacques Boyon, député et premier magistrat de Pont-d'Ain, situé à 6 kilomètres de Neuville, également engagé dans la course aux législatives, ne récupère pas de bon coeur. Dans la banlieue parisienne, on précise que le problème ne relève pas du tout de la municipalité. Les nomades vivent depuis plusieurs mois et dans des conditions insalubres, sans eau ni électricité, sur des terres appartenant à l'Etat, destinées à l'aménagement du quartier de la Défense. Le ministre de l'Intérieur Paul Quilès a été maintes fois prévenu. Du coup, le ministère des Affaires sociales et de l'Intégration a hérité du bébé et sélectionné le camp de Thol, propriété inoccupée du ministère de la Justice, comme terre d'asile. La Sonacotra, maître d'ouvrage, est chargée de rendre le campement vivable, de l'équiper en eau, électricité et Algéco. Cependant, pour l'instant, pas l'ombre d'un ouvrier n'a été observée sur le camp hostilement fermé et gardé par des chiens. Tout aurait pu se passer rapidement et facilement. Mais c'était sans compter l'opposition farouche de l'ensemble des maires du canton de Pont-d'Ain. "Généralement, pour ce type de problèmes, on nous concerte, confie Joseph Perrot. Mais là, on nous a carrément fait un bébé dans le dos". Ce procédé, personne ne l'accepte sur les rives de l'Ain. Réunis [le 27 février 1993], les onze communes du Syndicat intercommunal à vocation multiple du canton ont décidé de s'unir dans le combat. Et [le 2 mars], le conseil municipal de Neuville en choisira la forme. Source : "Sale camp pour les gitans" / Nathalie Blanc in Lyon Figaro, 2 mars 1993, p.1.
note à l'exemplaireNégatif(s) sous la cote : FIGRP05921.
note bibliographique"Nouveaux bidonvilles à Nanterre" / Philippe Bernard in Le Monde, 15 septembre 2003. - Wikipédia. [En ligne] : https://fr.wikipedia.org/wiki/Camp_de_Thol (consulté le 29-09-2022).

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